David Pisani
11 mai – 25 juin 2023
Vernissage – jeudi 11 mai 18h-22h
En 1982, le photographe David Pisani s’est lancé dans un projet personnel visant à photographier la ville de La Valette (Malte) et son tristement célèbre quartier chaud de Strait Street et ‘The Gut’. Ce qui a commencé comme un essai photographique sur les bâtiments abandonnés de la ville s’est transformé en une documentation épique de La Valette qui s’est étalée sur 29 ans.
La Valette a été fondée en 1566 par Jean Parisot de Valette, grand maître de l’Ordre de Saint-Jean. Elle a été construite sur un plan de grille par les chevaliers de cet ordre. L’architecture a une spécifité intéressante, avec ses balcons fermés et son ornamentation réligieuse ou marinière.
Pendant deux ans, entre 1798 et 1800, Malte a été occupée par les Français sous Napoléon Bonaparte, puis par les Britanniques jusqu’à son indépendance, déclarée en 1964. Pendant toute cette période, il y avait une entente tacite entre le stricte catholicisme de la société maltaise et la prostitution qui y fleurissait, d’abord tolérée par l’Ordre de Saint-Jean puis encouragée et alimentée par les vagues de marins britanniques ou américains. Strait Street (de l’italien Strada Stretta) est une longue rue étroite qui était à l’époque bordé de petits bars et bordels sordides. Avec la disparition des marins en 1979, le quartier a été petit à petit abandonné et les immeubles sont devenus délabrés. L’embourgoisement de la ville a commencé vers la fin du siècle.
La plupart des photographies de l’exposition sont tirées du livre Vanishing Valletta, publié en 2018, une sorte d’équivalent maltais du livre Paris Perdu. Trente tirages originaux de cette série sont conservés dans les collections permanentes de la Bibliothèque nationale de France. L’exposition présentera un nombre équivalent de tirages argentiques virés au sélénium et/ou à l’or réalisés par le photographe.
L’œuvre photographique de David Pisani peut se résumer à une quête incessante du sublime et de l’érotisme.
Ses premiers travaux (vers les années 1980) témoignent déjà d’une profonde préoccupation pour la représentation du corps humain, la nature érotique de lieux et d’objets comme le fétichisme et l’association inévitable à la sexualité et à la mort ; des thèmes qui sont constamment présents dans l’ensemble de son œuvre.
Le lien entre la dégradation et l’architecture est particulièrement évident dans son essai photographique sur la ville de La Valette et le quartier chaud de Strait Street, intitulé « Vanishing Valletta », qui a été exposé pour la première fois à Paris en 1996 lors de la Biennale de la photographie : Mois de la Photo à Paris sous le titre « La Valette et le Grand Port – Portrait d’une Capitale Maritime ». Pisani a également réalisé des essais photographiques sur la ville de Dubaï, les zones de conflit à Chypre et la ville de Kyoto au Japon.
En 1998, il a abordé le thème du corps humain avec un traitement plus explicite des thèmes de la décomposition et de la mort et a produit un ensemble d’œuvres essentielles intitulé « EVERY-BODY », développant un processus photographique chimique unique qui fait que l’image se modifie avec le temps, comme le fait le corps humain qui vieillit, meurt et se décompose.
Il est un fanatique de tirage à la chambre noire avec plus de 30 ans d’expérience dans le tirage commercial ou d’art.
The Black Rose est le titre d’une publication comportant un recueil d’anecdotes sur Strait Street et The Gut et un tirage en édition limitée.
Toutes les photos © David Pisani