Dan Hayon

Mes photos sont des particules quantiques.

Celles qui ont été faites il y a 50 ans, ont été, en même temps, prises hier.
Celles qui ont été prises en Roumanie, ont été, en même temps, faites dans d’autres pays.

Elles m’appartiennent et, en même temps, elles ne sont plus les miennes.
Elles sont petites, mais, en même temps, plus grandes que leurs cadres.

Et moi alors, qui suis-je ?

Je suis un observateur malvoyant qui cherche toujours dans une chambre obscure le chat noir de Schrödinger, pendant que d’autres photographes l’ont déjà trouvé.

D.H.

En attendant Hayon

Et qu’attendons-nous ?

Peut-être que la lumière de la raison se dérobe de l’univers crépusculaire de son imagination singulière. Ou peut-être qu’un message de vérité immuable sorte des profondeurs claires-obscures de son monde privé.

Mais nous pouvons tous faire appel à de jolis mots, et les laisser tourbillonner comme une fumée parfumée. Nous attendrons en vain si nous pensons que les mots feront s’ouvrir à nous le lieu qu’occupent ces images.
Gardez, en les voyant, une impression de lignes musicales répétées dans votre esprit. Hayon lui-même admettrait, s’il avait tendance à admettre quoi que ce soit, avoir

un penchant pour la musique en série. Écoutez un thème, regardez une image, vous serez attiré ou repoussé. Si cela vous repousse, éloignez-vous !

Sinon, écoutez ce thème joué à nouveau, regardez une autre image !
La deuxième répétition confirme votre intérêt, vous rapproche. Vous commencez
à vous demander, à la troisième ou quatrième répétition, si votre intérêt va tenir. Lorsque le thème dépose couche après couche dans votre esprit, lorsque l’image se déploie à maintes reprises dans votre œil, vous vous retrouvez hypnotisé et transporté. Les œuvres exposées ici sont exquises, la forme répétée de leur fabrication leur donne une qualité symphonique qui, si vous vous y abandonnez, vous transportera, en effet, dans un univers propre à Dan Hayon.

La chose étrange, cependant, c’est qu’une fois dans ce monde, vous le reconnaissez très vite comme celui que vous est si connu, mais que vous ne remarquez pas autant que vous le pourriez. Aucune importance si vous voyez les images avec des yeux habitués à regarder les rues roumaines, les rues parisiennes ou les rues anglaises. Nous voyons les mêmes choses familières. Peu importe que les images apparaissent dans des livres ou sur un écran ou dans les galeries. Nous voyons les mêmes choses familières.

Peut-être c’est Dan Hayon qui nous attend – tongue-in-cheek, comme disent les britanniques – pour que nous comprenions ses blagues et ses rires et ses larmes, jouant à cache-cache avec les choses qu’il rencontre chaque jour et dont son œil lascif tombe amoureux.

Fred Chance

Co-Director, PhotoStroud Festival, UK