11. 05. 2016 – 25. 06. 2016
Les images de Benoit Sabourdy, fortement liées au hasard, sont sans doute les plus proches de l’esprit de Mind’s Eye parmi toutes celles dont on a eu le plaisir d’exposer à la galerie jusqu’ici. Souvent il y a une sorte de géométrie qui intervient, une géométrie décrivant des espaces de forme et de dimension indéterminée, auxquels il faut bien sûr ajouter l’élément du temps. Les photo-collages de David Hockney captent également l’espace et le temps, bien que de façon totalement différente.
Cette démarche artistique s’inscrit naturellement dans l’histoire de la photographie. Déjà au milieu du dix-neuvième siècle, des pionniers comme William Henry Fox Talbot et Julia Margaret Cameron réclamaient le hasard comme élément essentiel dans leur travail. Fox Talbot savait qu’une prise de vue pourrait bien inclure des entités non prévues par le photographe et qui parfois enrichissaient l’image. Quant à Cameron, elle apportait expressément moins de soins que nécessaire dans la préparation de ses plaques et floutait les personnages de ses portraits afin de donner au hasard une contribution réelle au résultat final. Elle cherchait ainsi à se démarquer des photographes commerciaux pour lesquels la netteté était l’idéal.
Au niveau plastique, les photographies de Benoit Sabourdy ont des antécédents évidents dans la Nouvelle Vision des années vingt/trente. On pourrait citer Moï Ver et Alexander Rodchenko, et aussi pour certaines de leurs images Heinz Hajek-Halke, Jean Dréville, Maurice Tabard, André Kertész… L’approche de Benoit Sabourdy est néanmoins distincte et originale puisqu’il se sert souvent de multi-exposition plutôt que de surimpression et obtient ainsi des images moins constructivistes que surréalistes, laissant une grande place à l’imaginaire du spectateur.
Adrian Bondy